Que vous alliez parler de votre culpabilité en analyse, en hypnose ou en EMDR.....lisez " Ces dettes inconscientes qui nous gâchent la vies" psychologies

Je lui dois tout

Les missions inconscientes dont nous sommes chargés et qui se transmettent de génération en génération peuvent être moins explicites, mais tout aussi opérantes. Lydia, jeune mère célibataire d’un petit garçon de 18 mois, s’est aperçue en thérapie qu’elle avait hérité d’une mission inconsciente : celle d’exclure les hommes de l’éducation des enfants, comme l’avaient fait auparavant quatre générations de femmes. Pour sauver sa relation avec son fils, Lydia a dû trahir la dette implicite que lui avaient confiée ses aïeules.

Des dettes inconscientes, on en a aussi envers ses collègues. Les conflits de loyauté jalonnent notre parcours professionnel. Karine a refusé un poste mieux rémunéré dans une autre société, par crainte de casser son image de fidèle et loyale adjointe : « C’est ma chef qui m’a donné ma chance. Je lui dois tout. En partant, j’aurais l’impression de lui planter un poignard dans le dos ! » Ce genre de situation implique une rupture et le risque – énorme – de perdre l’amour de ceux que l’on fait souffrir. Mais comme le souligne Nicole Prieur, « il faut savoir, parfois, se montrer déloyal et passer outre sa culpabilité pour changer d’horizon. C’est très douloureux, mais indispensable. Il ne s’agit ni de trahison ni d’ingratitude. A condition, bien entendu, que l’on soit capable de s’expliquer, et de reconnaître que ce qui a été vécu a été fondamental. »

« Il y a vingt-cinq ans, avec mon ami, nous étions inséparables, raconte Patrick. Aujourd’hui, chacun a évolué à sa manière et, à part les souvenirs, on ne partage plus rien. On continue à se voir, par fidélité à notre jeunesse sans doute ! » Patrick n’est pas le seul à maintenir des relations par habitude. Couper des liens anciens, reconnaître que ce qui a été n’est plus, est un acte difficile à assumer. C’est pourtant le seul moyen d’évoluer. Il faut trouver le courage de s’affranchir de la "tyrannie bienveillante" de ses proches, sinon tous les rapports sont pervertis. « Ce qui devrait être du domaine de l’affectif devient une contrainte. On n’est pas là pour le plaisir d’être ensemble mais parce que notre sens du devoir, notre surmoi, nous en intiment l’ordre », note Serge Hefez.

Vivre selon son désir oblige à fermer des portes, à tirer un trait sur des relations qui se sont appauvries ou qui ont cessé de nous intéresser, à dire : « Aujourd’hui, je désire me tourner vers d’autres gens, d’autres espaces, d’autres possibles. » Il ne s’agit pas là d’égoïsme mais, au contraire, d’une ouverture au monde. Bien entendu, l’attachement au passé et la fidélité sont des valeurs importantes, qui créent une continuité dans notre existence. Les témoins de notre vie sont des repères réconfortants qui aident à tenir debout, à affronter un avenir inconnu.

Il n’est pas question de faire table rase du passé, de renier ses amis, ses origines, sa famille, son histoire, mais tout simplement de se défaire de ce qui nous retient. Pour soi, pour ses enfants. Afin de les rendre autonomes, il est souhaitable que nous accédions nous-même à notre autonomie. En particulier vis-à-vis de nos propres parents. « Si l’on veut que nos enfants nous obéissent, il faut désobéir à nos parents, conclut Nicole Prieur. Ce n’est pas de l’ingratitude, c’est une question de survie. »

La culpabilité, fondement de notre culture

S’il est un point commun entre les religions monothéistes et la psychanalyse, c’est l’idée que chacun de nous est destiné à se sentir coupable, un sentiment qui se transmet de génération en génération. Pour le théologien et psychanalyste Eugen Drewermann, le récit biblique du "péché originel" décrit symboliquement ce phénomène. La religion catholique nous considère d’ailleurs comme des coupables, qui ne seront lavés de la souillure originelle qu’à la fin des temps. Lorsque Caïn assassine Abel, l’Eternel le punit en maudissant ses fils jusqu’à la huitième génération.

En psychanalyse, les fautes inavouables des ancêtres, leurs non-dits se répercutent sur leurs descendants. Ils les hantent sous la forme de symptômes énigmatiques, pathologie que les psychanalystes Maria Torok et Nicolas Abraham ont nommé "le travail du fantôme". Heureusement, ces fantômes psychiques durent moins que les malédictions divines, et s’éteignent généralement à la quatrième génération.

Testez votre rapport à la culpabilité

Lorsqu'elles imaginent avoir mal agi, certaines personnes émettent juste quelques regrets, quand d'autres se sentent honteuses ou se dénigrent. Ce test vous permettra de repérer la puissance des émotions qui vous submergent lorsque vous avez l'impression d'être pris(e) en faute. Et peut-être vous aidera-t-il à vous en alléger...